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lundi 1 mars 2010

Un Etat Responsable

Le Chili a récemment subi un violent séisme qui a occasionné de pertes en vies humaines et en biens matériels. Nous déplorons que ce pays qui fait partie de la force onusienne en Haïti soit lui aussi victime d'un tremblement de terre. Nous leur présentons nos sympathies.

J'ai lu sur internet que la Police et l'Armée chiliennes ont procédé à l'arrestation d'environ 55 personnes qui ont violé le couvre-feu instauré par le Gouvernement afin de prévenir contre les actes de pillage et de banditisme. Mme Bachelet, le Président chilien, a pris les devants avec son gouvernement pour non seulement établir le couvre-feu mais aussi pour le faire respecter. Ainsi, les forces de l'ordre ont été autorisées à sévir pour le bien de la communauté et la protection des investissement privés. Voilà un gouvernement responsable et soucieux de garantir les acquis de la société et des investissements publics et privés.

De notre coté, notre Président et son gouvernement, étaient peut être encore sous le coup de l'émotion car il y a eu absence totale de réactions. Beaucoup de nos compatriotes ont été sauvés grâce au dévouement de centaines d'autres compatriotes qui ont eu le courage de passer outre leur émotion pour secourir ceux qui pouvaient encore l'être. Aussi, lorsqu'un homme d'état a la responsabilité d'un pays et de ses habitants, il ne peut se permettre de laisser ses émotions prendre le dessus. Les haïtiens ont attendu trop longtemps (quasiment deux semaines) avant d'entendre les propos du président. Entre-temps, à Port-au-Prince, le centre névralgique des affaires où se trouvent les banques, les grands commerces, les grands marchés (Hyppolite, Tèt Boeuf,...) a été pillé au vu et au su de tous et les personnes sinistrées se débrouillaient avec les moyens du bord pour faire face à la situation.

L'étendue des dégâts n'est nullement comparable ainsi que les structures de réactions et d'actions. Cependant, il est du devoir des dirigeants de prendre les mesures adéquates, populaires ou impopulaires, et de mettre les structures nécessaires pour les faire respecter. De telles agissements tendant vers le bien de la communauté, auraient redonné confiance au peuple et éviter une détérioration de la situation à tous les niveaux.

Etre Président, Premier Ministre, Ministre, Sénateur, Député ou autre, ce n'est pas seulement les beaux discours, le coté fastueux et festif des choses et tout ce qui va avec. Etre Président, Premier Ministre, Ministre, Sénateur, Député ou autre, c'est aussi et surtout réfléchir, planifier, organiser, rallier, faire face à ses responsabilités, respecter ses obligations, agir pour l'avancement de son pays et garantir le bien être de l'ENSEMBLE de la Population.

Lamentations : Non, Actions : Oui

Nous avons en Haïti, la fâcheuse manie de nous complaire dans d'éternelles lamentations et de nous comporter en victimes résignées. En écoutant les messages radiophoniques des différentes institutions, ces annonces commencent toujours par un lot de sympathies et de condoléances. Dans les premiers jours suivants la catastrophe, il était logique et nécessaire d'adresser ces propos à l'égard du peuple tout entier. Cependant, aujourd'hui, 1er mars, soit presque 2 mois après le 12 janvier, nous sommes toujours ancrés à ces mêmes propos.

Cette approche nous retient dans un environnement de tristesse qui annihile toute réaction. Pourquoi devons toujours nous considérer comme des fatalistes et nous résigner à notre triste sort alors que la Communauté Internationale se plie en quatre pour nous venir en aide? Pourquoi devons-nous toujours être des assistés? Permettez-moi, pour illustrer mes propos, de vous citer cette anecdote venant d'un bénéficiaire d'un transfert reçu d'un parent vivant aux USA. Ce bénéficiaire qui travaillait, a préféré laisser tomber son job pour se morfondre dans une condition d'assisté. Voilà ses propres mots : "Mwen pa wè pouki pou mwen travay paske yap voye lajan pou mwen" (pourquoi devrais-je travailler alors que je reçois régulièrement de l'argent d'un parent?). Il s'agit d'une jeune de 24 ans. Malheureusement, cet état d'esprit est beaucoup plus courant qu'on ne le pense.

Au-delà de cette mentalité de paresseux et de profiteur, se dessine l'ombre de la perte de toute fierté et identité. Il nous faut absolument éviter que les générations à venir ne tombent dans le même gouffre. Ce jeune de 24 ans n'a toujours connu qu'un pays livré à lui même dans le chaos, la corruption, l'assistanat à outrance et j'en passe. Aussi, pour relever la tête, il nous faut casser cette mentalité de perdant de résigné, de profiteur. François Rabelais disait qu'il faut avoir le courage de casser l'os pour sucer la substantifique moelle. Le désastre que nous avons vécu ce fameux 12 janvier est l'os qui se dresse devant nous. Derrière cet os se dissimule une occasion extraordinaire de reconstruite ce pays et le mettre sur les voies du Développement.

Toute la communauté Internationale est à nos cotés, toute la diaspora haïtienne nous supporte, tous les yeux sont braqués sur Haïti. C'est une chance que nous avons de nous en sortir. Si nous ratons le train, nous serons à tout jamais classer dans la catégorie des "moins que rien" et considérer comme de pauvres petits minables incapables de se prendre en charge.