Nous avons en Haïti, la fâcheuse manie de nous complaire dans d'éternelles lamentations et de nous comporter en victimes résignées. En écoutant les messages radiophoniques des différentes institutions, ces annonces commencent toujours par un lot de sympathies et de condoléances. Dans les premiers jours suivants la catastrophe, il était logique et nécessaire d'adresser ces propos à l'égard du peuple tout entier. Cependant, aujourd'hui, 1er mars, soit presque 2 mois après le 12 janvier, nous sommes toujours ancrés à ces mêmes propos.
Cette approche nous retient dans un environnement de tristesse qui annihile toute réaction. Pourquoi devons toujours nous considérer comme des fatalistes et nous résigner à notre triste sort alors que la Communauté Internationale se plie en quatre pour nous venir en aide? Pourquoi devons-nous toujours être des assistés? Permettez-moi, pour illustrer mes propos, de vous citer cette anecdote venant d'un bénéficiaire d'un transfert reçu d'un parent vivant aux USA. Ce bénéficiaire qui travaillait, a préféré laisser tomber son job pour se morfondre dans une condition d'assisté. Voilà ses propres mots : "Mwen pa wè pouki pou mwen travay paske yap voye lajan pou mwen" (pourquoi devrais-je travailler alors que je reçois régulièrement de l'argent d'un parent?). Il s'agit d'une jeune de 24 ans. Malheureusement, cet état d'esprit est beaucoup plus courant qu'on ne le pense.
Au-delà de cette mentalité de paresseux et de profiteur, se dessine l'ombre de la perte de toute fierté et identité. Il nous faut absolument éviter que les générations à venir ne tombent dans le même gouffre. Ce jeune de 24 ans n'a toujours connu qu'un pays livré à lui même dans le chaos, la corruption, l'assistanat à outrance et j'en passe. Aussi, pour relever la tête, il nous faut casser cette mentalité de perdant de résigné, de profiteur. François Rabelais disait qu'il faut avoir le courage de casser l'os pour sucer la substantifique moelle. Le désastre que nous avons vécu ce fameux 12 janvier est l'os qui se dresse devant nous. Derrière cet os se dissimule une occasion extraordinaire de reconstruite ce pays et le mettre sur les voies du Développement.
Toute la communauté Internationale est à nos cotés, toute la diaspora haïtienne nous supporte, tous les yeux sont braqués sur Haïti. C'est une chance que nous avons de nous en sortir. Si nous ratons le train, nous serons à tout jamais classer dans la catégorie des "moins que rien" et considérer comme de pauvres petits minables incapables de se prendre en charge.
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