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lundi 22 février 2010

ET ALORS ???

Je reproduits ici la réponse d'un ami, Maître Lesly Alphonse, à un article paru le mardi 16 février 2010 sur la page des News de Yahoo Québec, portant la griffe de la AFP. Avant lecture de la réponse, il serait bien de lire le très déplacé et déplaisant article de la AFP, non signé par son auteur, "Le séisme? Connais pas : l'élite économique d'Haïti se porte bien" pour comprendre et apprécier les mots de Maître Alphonse. Lire l'article...

Chers Amis,

Il nous faut éviter de distribuer ce genre d'imbécillité que des journalistes étrangers en mal de sensationnalisme sortent à tout bout de champs, chaque fois qu'ils sont en panne d'inspiration. Comment peut on prétendre que pour une certaine catégorie d'haïtiens "le séisme du 12 janvier et le chaos qui a suivi sont passés inaperçus." C'est une méchante stupidité. C'est l'œuvre de quelqu'un qui n'a jamais mis les pieds en Haïti, qui n'a aucune idée de ce qu'était Haïti, de ce qui s'est passé en Haïti le 12 Janvier et de ce qui se passe en Haïti depuis cette catastrophe qui nous a frappé.

Moi, Lesly Alphonse, j'ai toujours été sur place, je suis sur place et je resterai sur place. Donc je me fais le devoir de rétablir la vérité et de combattre ce genre de propagandes mensongères qui n'ont aucun sens.

Haïti est effectivement classé comme le pays le plus pauvre de la zone. Ce qui est probablement vrai. Mais est-ce que cela veut dire qu'il ne devrait pas exister de supermarché en Haïti? Que personne ne devrait manger des bonbons d'Europe, du fromage ou boire du bon vin? Est-ce qu'en Haïti, acheter et lire des "revues contenant des recettes de cuisine pour maigrir" devrait être interdit. Dans on ignorance crasse et sonore, comme dirait le professeur de latin Franck Saint-Victor, de regrettée mémoire, ce journaleux a illustré son article avec la photo de quelques marchandes paysannes étalant leurs superbes fruits et légumes. Ne sait-il pas que ces dames aussi, sont une élite haïtienne. Ces fruits et légumes sont-ils trop beaux pour être vendus en Haïti?

Moi, Lesly Alphonse, Notaire à Pétion-Ville, consommateur de fromage et d'huile d'olive italienne, propriétaire de maison perchée sur les hauteurs de Pétion-Ville, j'étais jusqu'à 3 heures du matin, dans la nuit du 12 au 13 janvier, au local de l'Université de Port-au-Prince, à la Ruelle Rivière, à livrer un combat acharné pour tirer des griffes de la mort, des étudiants pris sous les décombres. J'ai même été rejoint sur ce champ de bataille par notre ami Gérald Bastien, qui peut en témoigner. Plusieurs membres de cette élite dont il parle en ont fait autant et ont mis spontanément à la disposition des sinistrés, leurs cours, leurs parkings, leurs propriétés. Ils étaient dans les rues comme tout le monde, essayant de sauver quelques vies, de-ci, de-là. Les gens dont parle cet idiot ont perdu leurs maisons, leurs entreprises, leurs magasins et qui pis est, leurs femmes, leurs maris, leurs enfants et leurs parents comme tout le monde. Ils ont couché à la belle étoile comme tout le monde.

Juste à titre d'exemple parmi tant d'autres. L'Hôtel Montana, un complexe de dizaines de millions de dollars a disparu corps et biens et ses propriétaires ont été extraits des décombres y laissant d'ailleurs plusieurs membres de leur famille.

Le Caribean Market, le plus grand supermarché de la capitale s'est effondré comme un château de cartes entraînant dans sa chute des millions de dollars d'investissements et gardant plusieurs heures prisonniers de ses débris ses propriétaires, trois générations de rudes travailleurs, venus de Syrie, il est vrai, mais qui ont mérité leur succès. Sans aucune commune mesure avec ces pillards venus jadis de France, tout comme très probablement, ce journaleux de l'Agence France Presse d'ailleurs, qui ont volé toutes les richesses de Saint-Domingue en faisant travailler pour eux nos ancêtres en esclavage.

Je connais personnellement ce Moussa Aballa Nahra, le propriétaire syrien de Royal Market. C'est un Monsieur qui commence à travailler dès 5 heures du matin pour ne s'arrêter qu'aux environs de 10 heures du soir. C'est un excellent professeur de cette matière combien éliminatoire qu'on appelle "le travail". J'exige le respect pour cet homme. Lui, entre autres, peut et doit être cité en exemple sur ce point à notre jeunesse. Ne permettons pas à un macaque, fut-il de l'AFP, de le traîner dans la boue ni de le ridiculiser.

D'ailleurs, chers amis, nous devons bien comprendre que certaines personnes de l'international, ont des intérêts inavoués dans ce genre de campagne de dénigrement. Elles veulent contester à notre pays le droit d'avoir une élite. L'idéal pour eux serait que tous les haïtiens indistinctement soient des crève-la-faim. Il ne doit pas être possible pour un haïtien de réussir en Haïti. Le rêve de nos ancêtres libérateurs ne doit être qu'un cauchemar. Ce rêve ne doit pas se réaliser. Pour cela, il est important pour eux de porter le monde entier et surtout de nous porter à détester et à mépriser ceux qui, en Haïti, se sont permis de réussir. Même sans le fouet, ces gens essaient de nous détruire en détruisant tous ceux qui sur place pourraient nous servir de modèles.

Nous sommes pauvres dans notre grande majorité parce que les puissances esclavagistes nous ont appris à haïr le travail en Haïti, à haïr la discipline en Haïti, et à haïr nos frères en Haïti.

Chers Amis, n'écoutons pas les susurrements lugubres et perfides de ces serpents "qui sifflent sur nos têtes". Et surtout, ne propageons pas leur venin.

Soyons fiers de ceux qui réussissent en Haïti. Dans tous les pays du monde, des gens réussissent et deviennent riches. C'est la loi de la vie. Nous devons au contraire encourager la réussite et faire la promotion de la réussite possible en Haïti. Ne donnons aucun coup de main à ces démons qui n'ont de cesse de nous faire regretter 1804.

Disons non au Nivellement par le Bas. Si un Neg d'Haïti peut réussir, tous les Neg d'Haïti peuvent en faire autant. "Haïti" ne rime pas forcément avec "piti" et "haïtien" ne doit absolument pas être l'illustration de "faim".

Merci pour votre attention.

Patriotiquement vôtre,

Lesly Alphonse

dimanche 21 février 2010

Les camps: Pourquoi faut-il les déplacer?

Suite au tremblement de terre du 12 janvier dernier, des camps de refuge ont ça et là vus le jour pour servir temporairement d'abris aux démunis. Ces espaces ont été investis sans aucune logique d'organisation. Ainsi, ces lieux sont devenus de véritables villages ou les gens reçoivent eau, nourriture, soins médicaux, aide psycho-sociale.

Ces camps qui ont permis dans un premier temps à la population de se mettre à l'abri, sont pour la plupart installés dans la cour des écoles, sur les places publiques, sur des propriétés vides, etc. Au fur et à mesure, ces camps s'organisent et la vie reprend ses droits parfois dans des conditions infra-humaines. Aussi, il faut pour le bien être physique et mental des personnes logeant dans ces camps, que le gouvernement pense à déplacer ces enclaves vers des lieux propices et organisés en conséquence. Pour l'instant, ces populations vivent dans la plus totale promiscuité avec tout que cela implique (hygiène, sécurité, eau potable, eaux ménagères, gestion des ordures, environnement, ...).

Ces déplacements sont nécessaires pour le reprise des activités scolaires, pour garder les lieux publics accessibles à tous, pour protéger les espaces à vocation touristique comme le Champs de Mars, pour offrir un lieu de vie plus correct que les espaces actuels. Toutefois, le gouvernement doit faire attention car plus le temps passe, plus il sera difficile de lever ces camps qui s'organisent chaque jour davantage. Aussi, le gouvernement devrait dans toutes ses actions, penser à reloger ces gens le plus rapidement que possible dans des conditions acceptables, rouvrir les écoles et créer le maximum d'emploi par la politique des grands travaux. Si rien n'est fait, un jour, les habitants de ces camps en auront avoir ras le bol. A cet instant, ils gagneront les rues en criant leur grogne et peut être dans leur colère, briseront ce que le 12 janvier avait épargner.

Messieurs les décideurs nationaux, Messieurs les bailleurs de fonds internationaux, n'oubliez pas que prévenir vaut mieux que guérir.

samedi 20 février 2010

La question scolaire après le 12 janvier 2010

Un communiqué de presse émanant du Ministère de l'Education Nationale, publié le 18 février 2010, précise "qu'aucun établissement scolaire du département de l'Ouest n'est autorisé à fonctionner sans l'autorisation dudit Ministère. Ce dernier stipule dans sa note, qu'il indiquera au moment opportun la date de la reprise des activités scolaires. Il est ensuite dit dans ce même communiqué de presse qu'un ensemble d'initiatives ont été prises dans le cadre d'un programme d'appui psychosocial visant à faciliter la réadaptation et l'encadrement des enfants traumatisés par le séisme du 12 janvier et des séances d'animation à l'attention des enfants sont ainsi organisées dans les campements du département de l'Ouest".

Avec l'effondrement de la grande majorité des bâtiments scolaires, le Ministère a pour responsabilité de planifier la reprise des cours. Certains édifices logeant des écoles ont résisté au tremblement de terre du 12 janvier. En lisant la note de presse de Ministère, on se rend compte que même les écoles ayant la possibilité de rouvrir leurs portes à leurs élèves, se voient refuser l'autorisation de fonctionner. Si la décision du Ministère est de s'assurer que les bâtiments soient structurellement corrects et que des experts qualifiés en bâtiment émettent des rapports garantissant ces édifices, alors ces écoles auraient pu reprendre les cours. Cette reprise aurait pour effet d'occuper les élèves aux études, de remettre une partie des professeurs au travail et de permettre au transport public et à certains petits commerces de recommencer leurs activités. Simultanément, il faudrait que le gouvernement déplace les camps érigés dans les cours de certains de ces bâtiments pour laisser la place à des salles de classe sous tentes qui offriraient à des étudiants d'autres institutions de reprendre l'école.

Il est reconnu que dans la gestion de toute catastrophe de cette envergure, la reprise des activités scolaires est une priorité pour la santé mentale des enfants. Ainsi, tous ceux qui peuvent recommencer devraient le faire dans les meilleurs délais. Maintenant, charge au Ministère de l'Education Nationale de prendre les dispositions nécessaires pour rééquilibrer le processus en faisant par exemple deux vacations par jour ou de faire un groupe pour les lundi, mardi, mercredi et un second pour les jeudi, vendredi et samedi de manière à accommoder le maximum d'élèves.

Il est un fait important: ne privons pas du pain de l'instruction ceux qui peuvent encore l'avoir. Il faut peut être un plan national mais ce type de projet ne se planifie pas et ne s'exécute pas en quelques mois dans un environnement où toutes les structures font cruellement défaut. Faisons attention aux démarches que nous préconisons car l'année scolaire 2009-2010 est déjà presque perdue. Alors, au nom de nos élèves et étudiants, par respect pour les parents qui font d'énormes sacrifices pour la scolarisation de leurs enfants, n'hypothéquons pas 2010-2011.

samedi 13 février 2010

Un mois après...

Voilà déjà 1 mois depuis cette journée du 12 janvier 2010 qui se déroulait comme les autres jours jusqu'à 4h53PM, heure à laquelle tout a tourné au cauchemar avec le séisme de magnitude 7.3 qui a frappé Haïti et l'a meurtrie. Ayant fait à ce jour près de 217,000 morts, plusieurs milliers de personnes blessées, près de 4,000 amputés et plus de 1,000,000 de sans-abris, ce tremblement de terre a dévasté Port-au-Prince et ses environs en moins de 60 secondes.

Cette catastrophe, nous n'y étions pas préparés. En fait, peut-on l'être réellement dans un pays comme le nôtre où l'anarchie est une seconde nature? Malgré les avertissements des géophysiciens, malgré la montée inquiétante des eaux du lac Azuei et de l'étang de Miragoâne, personne, oui personne ne s'est réellement souciée de ces avertissements. Il faut dire que le dernier tremblement de terre dévastateur que Port-au-Prince a subi remonte à 1771, trop lointain comme horizon-temps pour rester dans la mémoire collective. Bien qu'on en est parlé dans l'histoire d'Haïti, le séisme qui retient l'attention est celui de 1842 au Cap-Haïtien, qui a été aussi catastrophique que celui du 12 janvier dernier.

Il est nécessaire de porter des critiques sur les décideurs qui n'ont, au mépris de la sécurité de la collectivité, pris aucunes mesures préventives qui auraient pues, d'une manière ou d'une autre, atténuer les conséquences désastreuses du séisme. Toutefois, l'heure n'est pas au procès d'intention car le mal est déjà fait. Il convient maintenant de voir comment faire pour alléger les douleurs de la population atteinte et orienter le processus de reprise vers une normalité. Pour ce faire, nous devons mettre de coté nos luttes intestines néfastes et vaines, arrêter de faire de la politique politicienne et penser PAYS. Nous avons une opportunité extraordinaire à nos portes: la mobilisation internationale. Si plusieurs nations ont pu se mettre ensemble pour nous aider, nous devons impérativement de notre coté, être capable de nous unir comme les doigts de la main pour une collaboration sans heurts et porteuse de résultats concrets pour la reconstruction de ce pays.